Titre : Les contes d’Erenn Tome 2
Auteur : E. Loisel
Date de Sortie : 3 avril 2019
Genre : Ados, Fantasy
Edition : Marathons Editions
E. Loisel a toujours aimé être transportée dans un autre monde, simplement à travers les pages d’un roman. Cette sensation l’a convaincue du pouvoir des mots.
En 2016, elle commence alors la rédaction d’une tétralogie se déroulant dans un monde imaginaire : "Les contes d’Érenn". "Les îles sœurs" en est le deuxième tome.
Alors que le Grand Maître Tazig Kozh a pris la tête du Pays de Llyr, Maud et ses amis tentent d’y retourner afin d’aider le Nécromancien dans l’élaboration d’un remède au Fléau. Recherchés par la Milice, parviendront-ils à le rejoindre ? Quelles horribles découvertes feront-ils sur leur chemin ? Quels sombres desseins se cachent derrière le motif au serpent ?
Je tiens tout d’abord à remercier Marathons Editions et l’auteure E. Loisel pour m’avoir fait à nouveau confiance.
Il est grand temps de reprendre nos valises en direction de Llyr et Dôn pour retrouver Maud et ses compagnons. Le résumé, tout comme celui du premier tome, attise toute suite notre curiosité. En quelques phrases, cela suffit à nous donner envie de nous replonger dans les contes d’Erenn…
« Ce soir-là, ils s’étaient promis d’honorer leurs rencontres, quoi qu’il puisse arriver. Ils s’étaient promis de ne jamais se quitter. Ils s’étaient promis de réaliser leurs rêves. Puis le Fléau était arrivé. Et avait tout bouleversé. Sa vie, son futur.»
Nous retrouvons donc Maud, Aurélia, Luke et Gaël. Après les événements du premier tome, la jeune prêtresse est épuisée sur le plan moral et physique. Pourtant, l’aventure est loin d’être finie. Le Grand Maître Tazig Kozh a pris les rênes de Dôn et le Nécromancien est désormais l’homme le plus recherché. Pourtant, nos jeunes amis sont décidés à lui apporter leur aide.
Un premier point positif à noter est la facilité avec laquelle on remet tous les éléments de l’intrigue en place dans notre esprit. La transition entre deux tomes est toujours un peu complexe pour les lecteurs de la première heure qui doivent parfois attendre plusieurs mois entre chaque roman, ce qui peut créer des oublies. Pourtant, E. Loisel parvient à remettre en place les enjeux de son histoire avec finesse sans tomber dans le listing.
On replonge donc avec une extrême facilité dans les pages des « Contes d’Erenn », et ce, pour notre plus grand plaisir. L’intrigue se déroule toujours avec une grande fluidité qui nous transporte sans accro. Porté par une plume douce et enchanteresse, le lecteur fait défiler les pages sans s’en rendre compte. Excepté les quelques répétitions et les adverbes qui alourdissent parfois le texte, le style de E. Loisel est agréable. Le texte comporte beaucoup de passages très poétiques sans tomber dans le trop « précieux ». C’est à la fois beau, marquant et accessible.
« Gouverner et aimer sont deux verbes compliqués à conjuguer ensemble, même si leur association n’est pas impossible. »
Le déroulement des événements est beaucoup plus dynamique que dans le premier tome. Certains moments sont très forts en tension et donnent envie de voir la scène au cinéma ! C’est notamment le cas de plusieurs passages au milieu et à la fin du roman sur un pont. Les descriptions des décors et des combats rendent le tout très réel. Il y a quelque chose de vraiment très immersif dans ce roman. Le tout, parsemé de moment plus calme, qui permettent de respirer et de caractériser les personnages.
Car le point fort de E. Loisel, encore une fois, c’est ses personnages. Ils font toute la force de son œuvre. Après tout ce qu’ils ont vécu, tous ont évolué, et continue de le faire. Si Maud porte le rôle principal, elle semble plus discrète dans ce deuxième tome, laissant la place à ses autres camarades. Elle reste essentielle, renforce son entraînement, et c’est toujours un plaisir de la retrouver, mais sa fatigue la rend malgré tout plus passive. À ses côtés on retrouve bien évidemment Luke, un chevalier obnubilé par la prêtresse et qui continue de cultiver sa haine pour Yian. Malheureusement, il ne brillera que par cela. S’il est lui aussi important lors des combats, il apparaît rarement sans évoquer son amour et sa colère.
Mais ce nouveau tome permet un développement plus complet de Gaël et Aurélia. Le premier, Cavalier de l’équipe, perd un peu son sens de l’humour et se dévoile un peu plus dans ses sentiments sans pour autant pouvoir les assumer pleinement. Il nous propose un nouveau pan de sa personnalité plus fragile qui approfondit sa caractérisation. Son cas et celui de ses deux amis font entrer le récit dans une dimension romantique beaucoup plus prononcé qui risque de gêner ou de décevoir les non-adeptes du genre. Mais pas de panique ! À aucun moment ça n’empêche l’intrigue d’avancer et nos camarades – exception faite peut-être de Luke – n’existent pas que pour ça.
Puis il y a notre très chère Aurélia, toujours aussi passionnante. À la fois drôle, combative, sage, piquante, attentive et parfois plus fragile, elle a tout pour plaire. Sa relation avec le Nécromancien permet à E. Loisel de développer un peu plus le passé de ce dernier et de l’Herboriste. Aurélia a un côté maternel et son courage n’a d’égal que sa force. C’est sûrement l’un des protagonistes les plus passionnant de l’histoire. Suivit de prêt par son ami le Nécromancien et par Yian. Il est difficile d’en parler sans en dire trop, mais nous pouvons noter que leur dynamise donne naissance à une des parties les plus intéressantes du livre.
« – Les épreuves nous changent, Luke. Rarement de la manière à laquelle nous nous attendons. Cependant elles ne nous transforment pas totalement. Elles participent simplement à nous indiquer qui l’on veut devenir. »
Enfin, nous faisons la rencontre lors de deuxième tome des jumeaux Vesper et Télia. S’ils sont très ressemblant physiquement, tout les sépare au niveau du caractère. Vesper est un homme à la langue acéré qui ne cesse jamais de nous faire sourire. Il aime mettre les autres dans l’embarras – surtout Gaël – et remettre les gens à leur place – notamment Yian. Sa sœur est, quant à elle, plus discrète. Assez effacée au début, elle va montrer par ses interventions toute l’étendue de sa sagesse et de son intelligence. Une discussion en particulier qu’elle aura avec Maud la rend particulièrement attachante et attendrissante. Ils forment un duo dont on ne peut plus se passer.
« Alors que le Cyan s’éloignait des côtes dôniennes, les rires des deux amies retentirent dans l’immensité de la mer d’Aslinn, comme une provocation adressée aux heures sombres qui s’annonçaient sur la Terre d’Érenn. »
En réalité, on s’aperçoit au cours du roman que Maud existe désormais à travers sa relation avec les autres. Nous nous concentrons cette fois-ci beaucoup plus sur le côté émotion de nos héros principaux. Les sentiments sont d’ailleurs au cœur de ce récit, et pas seulement l’amour ou la colère comme dit plus haut. En effet, l’autrice laisse aussi la place au ressentiment, au regret, mais aussi au pardon, de manière plus subtile. On dénote donc une maîtrise parfaite de la dimension « sentimentale ».
Les nombreux personnages et leurs histoires diverses permet à l’autrice, comme à son habitude, de développer les éléments géographiques et historiques de son monde. Malgré les nombreuses informations et la complexité de celles-ci, le tout reste limpide et capte l’attention du lecteur du début à la fin. De plus, la dimension politique est ultra présente, ainsi que les complots et les mensonges autour de la terrifiante prison de Trafalgar Gaol et apporte de la matière et des enjeux supplémentaires.
« – La barbarie ressemble beaucoup à du talent ici, n’est-ce pas ? »
C’est donc une réussite à nouveau pour E. Loisel qui signe une suite pleine d’action, d’émotion, de tension et d’aventure. Si ce deuxième tome à, en effet, des défauts, ils sont vite relayés au second plan par la richesse du récit et de ces personnages. Un cocktail bien maîtrisé par une autrice d’exception que nous avons hâte de retrouver pour le tome 3 !
« – À vous tous, mes amis. Qui avez bouleversé ma vie. »
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