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AliN : Tous différents - Axelle Colau



Titre : AliN : Tous différents

Auteur : Axelle Colau

Date de Sortie : 25 janvier 2020

Genre : Young Adult

Edition : Noir d'Absinthe


Après avoir été entourée d'enfants, Axelle a eu envie d'écrire pour eux. Elle les emmène dans des mondes merveilleux, où elle leur transmet les émotions qui la font vibrer. Son inspiration a un parfum de cerisier en fleurs, nourrie depuis longtemps de mangas et d’animés. Ne lancez pas le sujet avec elle, au risque de vous aussi, vous faire dévorer par cette passion.

Le collège, c’est l’enfer. Surtout depuis que Guillaume et sa petite bande m’ont pris pour cible. Moqueries, coups bas, brimades, ils s’acharnent, et je subis, paralysé par la peur. Lili, ma meilleure amie depuis ma plus tendre enfance, bénéficie, elle aussi, du statut peu envié de souffre-douleur attitré. Guillaume nous a éloignés l’un de l’autre, et je n’arrive plus à atteindre celle pour qui mon cœur bat… sauf lorsque je prends mon violon et qu’elle chante. Alors, je me sens pousser des ailes. Ces ailes que la réalité nous coupe, dès que nous remettons un pied au collège. Allons-nous réussir à retrouver notre liberté et à prendre notre envol, Lili et moi ?


Je tiens d’abord à remercier les éditions Noir d’Absinthe pour leur confiance.

C’est la première fois que nous nous pencherons sur une production de cette maison ici. Il s’agit ici d’un roman jeunesse, de la collection CHRYSALIS. Le résumé est assez clair et concis : il présente les personnages principaux et le fil conducteur de l’intrigue. Axelle Colau promet de s’attaquer ici à un sujet d’actualité, très important, mais trop souvent oublié : le harcèlement scolaire. La couverture, très colorée, créée une forme de paradoxe avec la thématique très sombre qui abordé dans le roman, mais transmet aussi un premier message d’une « issue possible ».

Une première approche convaincante, intrigante et paradoxale qui donne envie de se lancer sans attendre !


« Je voudrais être plus fort, pour que tu n’aies plus jamais à pleurer. »

L’intrigue suit donc le jeune Adrien, un jeune collégien, victime de harcèlement. En effet, il est devenu le souffre-douleur de Guillaume et de ses deux comparses. Mais ce qui est le plus difficile pour lui, c’est le fait que ses bourreaux s’attaquent également à son amie d’enfance : sa précieuse Lili.

La structure du roman nous permet d’avoir à la fois le point de vue de la victime, mais aussi des coupables. Il permet de constater l’importance de l’effet de groupe et de la frontière floue qui peut exister parfois entre harceleur et harcelé.

L’autrice développe avec beaucoup de précision des caractéristiques du harcèlement qui ne se voient pas toujours, et son pourtant au fondement du problème. Elle nous aide à comprendre que dire non ne suffit pas, tenir tête à ses bourreaux est souvent inutile, que le harcelés sont maintenus à l’écart et ne peuvent même pas se soutenir entre eux, que ne rien faire c’est participer, que les harceleurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit, que les mots font aussi mal que les coups… C’est un roman qui est important, parce qu’il montre clairement l’impact du harcèlement.


« Je serai le poing sur mon archet, les entrailles nouées, la gorge en feu. Et puis, je surpris mon reflet dans ses yeux. Mes lunettes, mes boutons. J’avais beau pérorer sur l’acceptation de soi, j’en étais si loin moi-même… »

De plus, il ouvre une dimension résolument moderne en impliquant le rôle des réseaux sociaux. La maison ne représente plus un refuge, mais un nouveau lieu de souffrance, où les bourreaux peuvent toucher encore plus profondément leurs victimes.

Mais bien que sombre, AliN nous offre une note d’espoir, également par l’utilisation d’Internet, et par l’art. En effet, bien qu’éloigné par la situation, Lili et Adrien sont liés par leur passion pour la musique. Tandis que l’une chante, l’autre joue du violon. C’est en partageant leurs œuvres sur Youtube, sous le nom « AliN » (prononcé alien) que les deux comparses trouvent un peu de paix.

C’est l’occasion pour l’autrice de nous faire un beau rappel : Internet n’est pas bien ou mal, il est neutre, et c’est notre utilisation qui va régir son influence.

« Le spectre de la peur s’éloigna. Je devais agir. »

Bien sûr, il y a la question de la survie par l’art – ici la musique – qui trouvera un écho certain chez toutes les victimes qui se sont réfugiées dans l’écriture, la musique ou autre. Encore une fois, malgré la douleur, il existe une issue possible.

La plume de l’auteur est accessible – et donc très bien adapté à la jeunesse. Elle est belle, sans tomber dans la « préciosité » illisible. Les émotions sont fortes, et on souffre à chaque instant avec les protagonistes. Nous nous sentons tout aussi impuissant qu’eux.


Pour terminer cette chronique, je dérogerai à une de mes règles en passant au « je », afin d’expliquer un sentiment étrange, mais à la fois très parlant de notre rapport au harcèlement. En apprenant à connaître Lili et Adrien, j’ai eu une pensée étrange : je me suis dit que c’était des personnages un peu clichés. La jeune fille rousse, mal dans sa peau, et le lunetteux qui fait les devoirs pour les autres. Pourquoi en parler ici ? Parce que tout de suite après, je me suis demandé quand la réalité de milliers de personne est devenue un cliché dans nos esprits ? On a cette sensation parce qu’on a l’impression de voir la même chose partout. Parce qu’on le voit partout, et pourtant, on ne fait rien.


C’est donc une belle découverte, une œuvre importante à mettre entre les mains des jeunes et moins jeunes, et à lire avec beaucoup d’attention. C'est une ode à la différence, qui rappelle que tout le monde peut être aimé, qu'importe son physique. C’est une histoire qui pousse à la réflexion, qu’il faut prendre le temps de méditer et qui, sans doute, vous donnera envie d’agir.


« Tu n’es pas celle qu’il te force à être. »
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