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L'Alphabétique du hasard - Ségolène Bourlard




Titre : L'Alphabétique du hasard

Auteur : Ségolène Bourlard

Date de Sortie : 15 juin 2019

Genre : Thriller

Edition : Auto-Edition

"L’histoire de ma rencontre avec Victoria aurait pu présager une amitié ou du moins une relation tout à fait anodine et banale, mais il n’en fut rien. Nous fûmes tout simplement placées l’une à côté de l’autre le premier jour de la rentrée des classes du collège. L’alphabétique du hasard."

Lorsque Audrey, petite fille pleine de malice et d’ambition, rencontre l’énigmatique et sophistiquée Victoria Dantes le jour de la rentrée des classes, elle est tout de suite fascinée par le personnage. Une fascination mutuelle, malsaine et obsessionnelle aux conséquences tragiques. L'enfer n’est pas nécessairement pavé de bonnes intentions…


Avant tout, je remercie Ségolène Bourlard pour sa confiance et sa patience.

Le roman du jour nous est présenté comme un « thriller » ce qui se confirme, mais aussi se nuance, lors de la lecture. Le résumé nous plonge toute de suite dans une ambiance pleine de tensions et de mystère. On nous promet la désillusion d’un personnage faisant face à une amitié destructrice. Qui est donc cette énigmatique et sophistiquée Victoria ? Que cache-t-elle ?

« C’était quoi la réalité ? C’était la mort, la violence et les trahisons. C’était la solitude. J’étais trop fragile pour ce monde. J’étais trop faible pour supporter tous ses drames ».

Le roman commence sur le point de vue d’Audrey, qui au loin, pense voir son ancienne amie Victoria Dantes. Puis les pages défilent, et le lecteur plonge dans cette relation qui a commencé des années auparavant. De sauts temporels en sauts temporels, Audrey revient sur chaque passage de sa vie, et sur l’influence que Dantes a eu sur sa vie. Omniprésente, l’ombre de la jeune fille plane au-dessus de la protagoniste. Elle l’envoûte, au point que cette dernière devient obsédée par elle.

Le lecteur peut très facilement s’identifier à Audrey, une adolescente assez banale au début, qui mène une vie d’étudiante tout à fait normal. Elle est caractérisée très vite par sa curiosité et par son envie d’être aimée et remarquée, surtout par Victoria. Cette dernière apparaît au début très timide et réservée. Mais bien vite, son vrai visage se dévoile. Victoria aime jouer. Pour quelles raisons ? Et à quel prix ? Il faudra lire le roman pour le savoir. Dans tous les cas, la dynamique entre les deux jeunes filles est intéressante dans son évolution. On s’attend vite à une relation de dominé/dominant en faveur d’Audrey. Plus à l’aise et plus sociable, elle a toutes les cartes pour mettre la main mise sur la fragile Victoria. Pourtant, plus le récit avance, plus on s’aperçoit qu’elle ne contrôle rien, et qu’elle n’est qu’un pion depuis le début. Certaines questions restent même sans réponse. Certains « pourquoi » n’auront pas de « parce que » car, au final, tout le monde sait.

« A coups de plume, de stylo, de crayon sur les feuilles abîmées, déchirées, déchiquetées par la vie, je pourrais raconter. Prouver. Hurler, crier, dire. Je pourrais réparer. Je pourrais gagner le jeu ».

Ségolène Bourlard a pris un risque avec ses différents points de vue et ses chronologies multiples. Il est vrai qu’il est parfois difficile de s’y retrouver tant les changements de temporalités sont réguliers. C’est donc une lecture qui demande une grande concentration, et qui peut peut-être perdre certains lecteurs.

Le style de l’auteur est assez agréable en générale. Mis à part un grand nombre d’adverbes qui alourdissent parfois la lecture, la plume reste poétique et appréciable à lire. À noter aussi que beaucoup de passages sont assez « calmes ». Cela pourrait déplaire aux grands amateurs d’actions, mais ceux qui apprécient également la caractérisation et une psychologie bien développée seront comblés.

Il y a quelque chose de très vrai dans cette histoire. Même si tout le monde ne rencontre pas des situations comme celle de nos héroïnes – et heureusement – il y a une dimension très parlante pour beaucoup dans leur relation. On peut l’expliquer dans un premier temps par la réalité que représente l’ « alphabétique du hasard ». Beaucoup d’entre nous avons vécu les fameux plans de classe et, au début de notre scolarité, nos premiers compagnons sont souvent nos voisins de table. De fait, c’est très facile de s’identifier à Audrey dès le départ.

Dans un second temps, ceux qui ont vécu des amitiés toxiques remarqueront la justesse des mots employés par l’auteur. Bien sûr, c’est trop romancé et cela va à l’extrême pour les besoins du thriller, mais certains passages décrivent avec précision la vie des victimes de ce genre d’amitié.

« Je mentais comme je respirais. […] Je crois que j’avais besoin de me raconter des histoires. Peu importe qu’elles soient vraies ou non. J’avais désespérément besoin d’être une autre. Être Audrey Deville, ça ne me suffisait plus. Ça ne m’avait jamais suffit. »

Enfin, pour revenir sur la question du genre, Ségolène nous offre en réalité bien plus qu’un thriller. Il y a aussi des réflexions sociales et philosophiques qui ressortent de cette intrigue. En effet, la question du « qu’aurai-je fait ? » est presque omniprésente. Les questionnements de l’héroïne nous poussent à quitter notre statut de lecteur omniscient et juge pour nous mettre à son niveau. Et nous ? Qu’aurions-nous sacrifié au nom d’une amitié ?

C’est donc une très bonne lecture pour cette fois. Avec « L’Alphabétique du hasard », l’auteur nous présente un thriller, mais aux nombreuses couches de lectures et d’interprétations. Bravo à elle !

« À la vie à la mort. » 
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