Titre : Les Contres d’Erenn
Auteur : E. Loisel
Date de Sortie : 13 juin 2018
Genre : Fantasy
Edition : Marathon Editions
Sur la terre d’Érenn, une maladie mortelle et incurable, le Fléau, sévit au cœur des populations et terrasse les hommes depuis trop longtemps. Maud, une jeune femme de dix-neuf ans, refuse de voir son père succomber au mal et décide de se lancer à la recherche d’un remède. Ses deux amis d’enfance, Luke et Gaël, l’épauleront dans une quête où les rencontres seront aussi dangereuses que porteuses d’espoir. Une course contre la montre s’engage. Atteindra-t-elle son but avant que la mort ne s’empare de son père ?
Je tiens d’abord à remercier E.Loisel, Marathons Editions et le site Simplement.Pro pour ce SP.
L’auteur du jour nous accueille cette fois dans un monde à la frontière entre la fantaisie et le roman d’aventures. Premier tome d’une trilogie, le résumé laisse présager une histoire assez classique, mais tout de même intéressante. En effet, il semblerait que les enjeux de l’histoire vont se concentrer sur les « rencontres » de notre héroïne. Si les personnages sont toujours très importants, il est intéressant de les voir comme piliers de l’intrigue. Le risque est se perdre dans la caractérisation et de stagner…
Risque largement évité par E.Loisel.
« Le Fléau ne se contentera pas de vous tuer, Hommes, il vous emplira de désespoir. »
Nous retrouvons donc Maud, jeune prêtresse au Pays de Dôn, assujetti au culte de Danann. Mais l’esprit de la demoiselle est embrumé par un autre problème : l’état de santé de son père. Sous le joug du Fléau, le vieil homme n’en a plus pour longtemps. Le sachant condamné, son unique enfant décide de tenter le tout pour le tout en allant chercher elle-même le remède, si tant est qu’il existe...
Derrière la frontière, au Pays de Llyr, un mystérieux homme nommé « Le Nécromancien » effectue des recherches sur le Fléau. Pour cela, il s’adonne à des pratiques plus que discutables, tout en évitant les sbires du souverain.
« Certains chagrins étaient faits pour être vécus seuls. »
Le côté « rebelle » de Maud est la première impulsion au récit. Elle remet en cause sa foi, ses croyances et tout ce qui constitue la base de son existence. Une entrée en matière classique, mais efficace. Pourtant, si elle devient plus forte physiquement, elle semble s’assagir et acquérir un tempérament plus calme. Son évolution est franche, mais cohérente. Le point de vue omniscient et la troisième personne du singulier donnent au lecteur une vision élargie, permettant de s’attacher à l’héroïne sans pour autant dire « amen » à toutes ses actions.
Elle est accompagnée dans son périple par ses deux meilleurs amis. D’abord Luke, un chevalier de l’armée en mission pour le roi. Dévoué à ses amis, courageux et attentionné, c’est un compagnon que l’on voudrait tous avoir ! Sa force physique et sa connaissance du combat et de la stratégie militaire en fait un allié de poids dans cette aventure. On comprend dès les premières lignes que son attachement à Maud est plus fort qu’il ne veut laisser le croire. Ensuite, il y a Gaël, un cavalier qui entreprendra le voyage de manière un peu plus…floue – dans le sens où mise à part suivre ses amis, il n’a pas d’objectifs précis. Son humour et sa gentillesse le rendent très attachant. Il manque néanmoins de développement et reste à l’écart par rapport à d’autres personnages, mais certains passages laissent à penser qu’il sera très important pour la suite.
« Du mouvement en direction des hangars de stockage attira son attention : l’extrémité de la cape sombre du Nécromancien disparaissait entre deux bâtiments. »
Ils feront la rencontre d’autres protagonistes. Nous en citerons que deux ici pour éviter d’en dire trop : Yian, un mercenaire plus intéressé par la confrontation avec Luke qu’à autre chose et Aurélia, une femme forte, intelligente et drôle, maniant son arc comme personne et qui en séduira plus d’un.
Et puis il y a le fameux Nécromancien, dont les agissements planent, à la fois comme une menace et comme un espoir, au-dessus de nos héros.
Comme évoqué plus haut, le premier ressentit au commencement de notre lecture et l’impression de déjà-vu. Une héroïne, un compagnon très – trop ? – proche, un comique, un mercenaire, une guerrière hors-normes… Tout cela sur fond de vengeance, d’amitié et de famille. Plus on avance dans le récit, plus les pièces du puzzle se rassemblent vite, et certains rebondissements seront prévisibles pour les esprits les plus affûtés.
Malgré cela, la légèreté de la plume de l’auteur nous porte à travers les pages. Telle une enchanteresse, elle nous hypnotise, si bien qu’on ne tente même pas de deviner ce qui va arriver. On se laisse prendre au jeu, prêt à se laisser surprendre.
« – Qu’est-ce qu’il faisait ici ? – Je crois qu’il rencontrait son passé. Et que ça lui a fait mal. »
Les descriptions des paysages, des protagonistes et des combats sont bien dosées et nous immerge complétement dans l’action. On referme le livre avec l’envie de faire nos bagages et de partir pour la capitale de Llyr, en faisant un détour par le temple de Dôn. E.Loisel démontre également une grande maîtrise des émotions de ses héros. De rire aux larmes, en passant par la déception et la joie, l’espoir et la colère, elle nous présente une palette de sentiments variés.
« Nos existences oscillent entre joie et tristesse. Abondance et perte. Seule la force de nos esprits peut nous éviter de basculer dans le désespoir. Et sur elle, le temps n’a pas de prise. »
Dans le domaine des sentiments, une autre crainte fut celle des histoires d’amour. La malédiction des œuvres fantastiques au grand potentiel gâché par des triangles amoureux incessants et des romances à n’en plus finir a-t-elle encore frappé ? Pas cette fois ! Si les déboires amoureux sont bien présents, et apportent du relief, ils n’effacent pas pour autant l’intrigue et gardent leur juste place dans le récit.
Un autre point positif se trouve dans les extraits du livre de Danann – et autre citation – en introduction de chapitre, et l’histoire que ceux-ci racontent. Ils accentuent l’impression de lire un véritable conte. Ils nous donnent aussi une image des croyances et de l’histoire des Pays de Dôn et de Llyr, témoignant du travail conséquent de l’auteur en amont. Travail que l’on perçoit aussi à travers les quelques passages scientifiques, à les fois intéressants et accessibles à tous !
Les dernières pages s’écoulent à une vitesse incroyable. À l’inverse des réponses « intermédiaires », celles que nous obtenons à la fin de l’ouvrage sont beaucoup plus surprenantes. Et il nous tarde de se jeter dans le second tome…
Un roman plein d’aventure, qui joue avec nos émotions et nous plonge dans une ambiance de contes hors-normes et dans un univers enchanteur.
« De leur père mortel, Dôn et Llyr héritèrent le meilleur et le pire des Hommes : la bravoure et la haine. »
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