Titre : Le dernier Héros
Auteur : ¨Pierre Vergeat
Date de Sortie : 2 novembre 2018
Genre : Polar, Thriller
Edition : Htag éditions
On a tous un rêve dans un coin de nos têtes. Celui qui nous semble impossible. Celui qu’on laisse de côté des années ; parfois une vie entière. Le mien, c’était écrire un roman.
Tout avait bien commencé : j’ai gribouillé mon premier « roman » à dix ans. A l’époque, je ne prêtais pas attention au regard des autres et aux critiques, je voulais simplement raconter des histoires. Puis le temps est passé, et je me suis laissé submergé par des questions et des doutes.
« Est-ce que j’écris bien ? » / « Mon histoire n’est pas ennuyeuse ? » / « J’arriverai jamais à finir ce livre. »
Autant de barrières qui m’ont éloignées de l’écriture pendant plus de dix ans.
Un jour, la frustration a été de trop. A l’approche de mes trente ans, j’ai réalisé que les critiques, les doutes, les angoisses, rien n’était aussi triste que la pensée de ne pas avoir pratiqué ma passion : l’écriture.
J’ai alors ressorti une idée que je gardais dans un coin de ma tête : écrire un polar où la victime serait un super-héros. Depuis une dizaine d’années, les justiciers
Une enquête policière dans l’univers des super-héros
Dans une ruelle de Londres, le corps étrangement mutilé d’Oméga est retrouvé. Le monde vient de perdre son super héros.
Les inspecteurs Epping et Fox vont se lancer dans une enquête invraisemblable que les services secrets cherchent à étouffer.
Leur quête de la vérité les conduira jusqu’à un orphelinat en Ukraine, un lieu sinistre et angoissant, chargé des horreurs du passé.
Au-delà de son récit, l’auteur nous incite à nous poser la vraie question : qu’est-ce qu’un héros ?
Je remercie avant tout Pierre Vergeat pour m’avoir confié son roman ! Je tiens aussi à signaler que cette chronique se fait dans le cadre d’une lecture commune avec le blog d’Alexiane Thill, La Marmite aux plumes. Vous pourrez retrouver sa chronique ici.
Le Dernier Héros n’est pas un roman comme les autres, et c’est une chose que l’on peut constater dès la découverte du résumé. Ici, le « héros » n’en est plus vraiment un. La figure de l’homme fort, indestructible sauvant les faibles petits humains disparait au profit de nouveaux protagonistes : les inspecteurs Epping et Fox.
Pierre Vergeat tient donc entre les mains une idée intéressante et originale, qui ne reste plus qu’à exploiter avec succès. Il nous prévient dès le synopsis qu’il sera nécessaire de questionner notre perception habituelle des héros, car ils ne sont pas toujours là où on le pense…
« Un bateau rempli d’âmes à la dérive, de cœurs pleins d’espoir et qui connaîtraient plus tard la cruauté et la désillusion. »
L’intrigue commence donc lorsque l’inspecteur Ethan Epping arrive sur les lieux d’un crime qu’il pensait impossible : le meurtre d’Oméga. Le super-héros, malgré sa force surhumaine, est désormais sans vie. Accompagné de son collègue et ami Larry Fox, Epping doit mener l’enquête, et celle-ci se révèle plus complexe que prévu.
Ethan Epping répond à un schéma assez classique dans les polars. C’est un policier reconnu pour son efficacité, marchant sur les traces de son père en attrapant les méchants. L’enquête sur le meurtre d’Oméga, et l’énergie que mettent les services secrets à l’étouffer, ne vont faire qu’attiser sa curiosité. Bientôt, le fantôme de la victime va hanter toutes ses nuits. L’auteur reprend ici des codes très commun dans le rapport du policier à son travail tout en les maitrisant à la perfection. En ressort un véritable intérêt, une envie réelle d’avancer avec le protagoniste.
Le deuxième personnage le plus important et l’inspecteur Larry Fox. Au contraire de son acolyte, Fox a un véritable plus, quelque chose de véritablement unique. On s’attache presque plus vite à lui qu’à Epping. Toujours de bonne humeur, fidèle au poste et accro à sa petite fille, Larry a de quoi conquérir les lecteurs. Son rôle de père va apporter une dimension très intéressante au roman. En effet, ce posera la question de dire si, oui ou non, il faut avouer aux bambins qu’Oméga n’est plus. Après tout, ils perdent leur figure protectrice, et avec elle tout leur rêves d’enfants.
« Ce n’est pas Oméga que j’appelais dans mon rêve, c’était toi, papa. »
Ensuite, évoquons rapidement le cas de Mido, une jeune coréenne qui va petit à petit s’immiscer dans l’histoire. A vrai dire, on l’a sent très absente du roman, et mise à part deux ou trois remarques pertinentes, elle n’a guère plus d’intérêt. Si l’évolution de sa relation avec Epping était prévisible, excepté la conclusion de celle-ci, elle n’élude pas pour autant le fil rouge.
Pour terminer avec les personnages, nous pouvons citer, sans le nommer, celui qui va mettre des bâtons dans les roues de nos deux compères. C’est un antagoniste vraiment bien construit de par ses réflexions, ses motivations et ses émotions qui sont, dans un sens, proche de celle d’un enfant. Son implication ou son non-implication dans les différentes parties de l’affaire fait de ce « grand méchant loup » un personnage marquant. Cette dimension n’apparait cependant qu’aux dernières pages, de quoi rendre la peau dure à l’image de l’ordure sans cœur qu’il est au début.
« — Mon père, vous seriez prêt à quoi pour protéger vos enfants ? — A tout, mon fils. — Même aux pires horreurs ? — Non, bien sûr que non. — Alors vous n’êtes prêt à rien. »
La plume de Pierre Vergeat s’adapte très bien au genre du thriller, grâce à un vocabulaire simple et efficace, qui se permet quelques fois des élans poétiques, très appréciables. Il en ressort à la fois une ambiance très calme au début du roman et une atmosphère stressante. La dimension thriller est d’autant plus présente par les différents angles qui nous sont donnés. Le lecteur se retrouve avec beaucoup de cartes en main pour tenter de dénouer les fils de l’intrigue.
« Cette odeur pestilentielle cachait un effluve bien plus fort, celui de la peur. Elle émanait de partout. De nos sourires invisibles. Dans nos inspirations stressées et nos expirations contenues. Le soir, elle se faisait reine, se glissant dans nos chambres comme un serpent. Le jour, sa présence était à peine perceptible, tapie derrière chaque porte, chaque fenêtre, chaque cri. »
Parfois même plus qu’il n’en faut ! Les lecteurs attentifs ne sauront plus où donner la tête tant il y a de piste. Chaque détail est constamment remis en question, chaque témoignage en contredit un autre, chaque mouvement est suspicieux. C’est un véritable casse-tête qui plaira sans doute aux amateurs du genre.
Les descriptions sont aussi claires et pratiques, et nous plonge très vite dans une ambiance glaciale. Les émotions tiennent elles aussi une place non-négligeable, sans pour autant qu’on s’appesantisse dessus. Ce sont souvent les mêmes sujets qui reviennent, à savoir sa famille pour Fox et le souvenir persistant de son père pour Epping.
L’auteur nous offre une fin en demi-teinte. Sans trop en dire, il est clair qu’il y a un choix strict qui a été fait par l’auteur, mais qui peut en déranger beaucoup. La conclusion nous oblige à nous concentrer sur un certain point de vue, sur une vision que défend Pierre Vergeat depuis le début de son roman. En soit, cela reste logique dans la continuité dans le message que porte le romancier. Il faut dire cependant qu’elle reste très frustrante et que ce choix apporte son lot d’incompréhensions et de questionnements sans réponse, ce qui ne sera pas au goût de tous les lecteurs.
Le Dernier Héros est donc une lecture agréable qui plaira aux adeptes du genre qui n’ont pas peur de se plier à la volonté de l’écrivain. Malgré une fin risquée, l’auteur parvient à nous attirer dans son monde, et à suivre les héros, qu’ils portent une cape ou non.
« Moi aussi, avant, je pensais que j’étais un héros. Mais les héros, ça n’existe pas. »
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