Titre : La source S
Auteur : Philippe Raxhon
Date de Sortie : 18 juin 2018
Genre : Thriller
Edition : Autoédition
Philippe Raxhon, 53 ans, est professeur à l’Université de Liège et chercheur qualifié honoraire du Fonds National belge de la Recherche Scientifique (FNRS).
Il enseigne notamment l’histoire contemporaine et la critique historique.
Auteur de nombreux livres et articles sur les relations entre l’histoire et la mémoire, il est aussi scénariste de docu-fictions
La Source S est son premier roman.
Il partage ici son expérience d’historien au profit de l’écriture et de la trame narrative de son thriller, en invitant le lecteur à ses risques et périls sur les chemins escarpés de l’histoire.
Une enquête sous haute tension qui mêle la démarche historienne, les enjeux politiques et religieux, les sentiments amoureux et la mémoire.
Quel est le point commun entre le philosophe romain Sénèque, l’écrivain Oscar Wilde et Napoléon Ier ?
La Source S.
Qu’est-ce qui relie Paris, Palerme, Dublin, Tel Aviv, Rome, Waterloo, Sainte-Hélène, et les chemins de la mémoire ?
La Source S.
Qu’est-ce qui pourrait bouleverser notre vision historique du monde ?
La Source S.
Qu’est-ce qui peut réunir un historien renommé, professeur à la Sorbonne, jouisseur, gourmand et amateur de grands vins sans modération et une jeune chercheuse sicilienne ambitieuse, instable et sensuelle à tomber par terre ?
La Source S.
Qu’est-ce qui peut tuer ou inviter à tuer dans un raffinement de cruauté ?
La Source S.
Qu’est-ce qui constitue une énigme insoluble, et le restera peut-être, même à la dernière page ?
La Source S.
Qu’est-ce qui est authentique dans cette histoire ?
L’impact de la Source S.
La Source S, un thriller à ne pas lire si vous êtes satisfait de vos certitudes.
Je remercie le site Simplement.Pro et Philipe Raxhon pour sa confiance.
En lisant le résumé, on est très vite envahi par la curiosité. La source S apparaît comme omniprésente, mais reste tout de même inaccessible. Elle crée des liens entre des choses qui ne sont pas censé en avoir : Rome et Tel-Aviv ou encore Sénèque et Napoléon. Dès le début, on nous invite à laisser nos convictions de côtés. Encore plus fort, à les remettre en jeu, quitte à tout perdre. Bien que court, il ressort de cette première approche plusieurs éléments. Tout d’abord, c’est l’aspect historique qui prendra la première place, qui servira de base à l’intrigue. Ensuite, l’importance des conséquences : entre curiosité et bon sens, nos héros devront choisir.
Deux principaux dangers sont à éviter dans ce genre d’œuvre : une omniprésence de l’Histoire qui transformerait la fiction en documentaire, ou à l’inverse le délaissé aux profits d’un mystère toujours plus grandissant, au point d’en être lourd.
La source S a-t-elle trouvé son équilibre ?
« Il eut alors une pensée qu’il aurait voulu être la dernière. Il allait abandonner ce monde, mais il ne quittait pas l’univers. »
Nous faisons cette fois la connaissance de François Lapierre, un historien enseignant à la Sorbonne. Entre recherche et dégustation de grands vins, le séducteur a ses petites habitudes. Pourtant, sa vie va être bouleversée par l’arrivée d’une chercheuse sicilienne répondant au nom de Laura Zante. Belle, intelligente et ambitieuse, la jeune femme ne laisse personne indifférent. Au vu des premières descriptions qu’en fait le protagoniste principal, on peut craindre que son intérêt s’arrête ici. Pour notre plus grand bonheur, il n’en est rien.
« Il faisait partie des intelligents qui cherchent à passer pour des imbéciles, une race bien plus redoutable que celle des imbéciles cherchant à passer pour des intelligents. »
Si le physique avantageux de Laura est très souvent appuyé, la jeune fille brille bien plus par son intelligence et sa détermination. À noter aussi pour ceux qui aiment la Sicile — ou qui en sont originaires, comme moi — que le roman contient du vocabulaire et des références aux pays qui ne manqueront pas de vous rappeler de bons souvenirs (à titre d’exemple : la Mama qui veut te marier à l’univers si elle ne te tue pas à coup de repas trop copieux ou encore la cafetière moka)
Cette fois encore, la crainte de voir la relation des personnages prendre toute la place reste forte. Si son évolution n’est pas très surprenante et qu’elle reste très présente, elle n’élude pas pour autant l’intrigue principale. Cela reste une partie de l’œuvre intéressante, apportant du relief et servant la caractérisation, sans plus.
D’autres personnages s’articulent petit à petit autour ces deux protagonistes, entre famille et amis, proies et prédateurs, alliés et ennemis. Chacun est à sa place, sans prendre trop de place, sans pour autant être effacé. Les figures historiques ont, elles aussi, leur propre rôle. Disparu depuis des siècles, il semble néanmoins qu’elles planent au-dessus de nous tout au long de la lecture.
« Les faux souvenirs se sont mélangés aux vrais, comme dans toute narration historique brassant des témoignages. C’est un processus classique et maintenant bien connu. »
L’intrigue se lance lorsqu’elle apporte à François un document jusque-là inconnu, et incomplet. Il sera donc question de trouver les pièces manquantes du puzzle, et de confirmer l’authenticité de cette découverte. François et Laura se lancent alors à corps perdus dans cette quête sans précédent, qui pourrait bien bouleverser le monde entier… L’idée de base est donc intéressante, avec un côté « théorie du complot » qui permet de garder le mystère toujours intact. Plus on avance, plus on veut savoir. Le sujet que l’auteur a choisi de développer — tournant beaucoup autour de la religion et de la foi — est complexe et épineux. Pourtant, il reste très respectueux, et ce, jusqu’à la fin.
La dimension « voyage » apporte un plus à l’ouvrage. Les visites des héros à Rome, Dublin ou encore Sainte-Hélène plonge le lecteur dans le décor par des descriptions méticuleuses sans être indigestes. Cette sensation d’être plongé dans l’histoire ressort dans les descriptions des bâtiments historiques, des restaurants et des œuvres. Si certains pourront les trouver parfois lourdes, d’autres apprécieront leurs précisions et le réalisme qu’elles apportent au roman.
Si la source S est fictive, on ne peut que saluer la justesse historique de l’ouvrage, qui met à en lumière les connaissances de l’auteur — et historien — qui ne manquera pas de plaire à tous les férus d’Histoire.
« — Napoléon, non, lui, ce n’était pas un joueur d’échec, c’était un joueur de poker !
— Un joueur de poker, répéta François, mystérieux. »
« La Source S » n’est pas à proprement parlé un « thriller » au début. Même si on veut savoir ce qui se cache derrière la source S et que l’ambiance pique notre curiosité, on ne ressent pas de « frisson ». Les dangers qui s’approchent à la fin de l’œuvre tendent néanmoins à changer cette tendance, même si en général, cela reste plus un « policier » qu’un « thriller ».
Enfaite, la force de cette œuvre se trouve dans les réflexions qu’elle propose. L’on se retrouve avec des dizaines de questions à l’esprit. Chacun à un rapport différent à la vérité, qui évolue avec l’avancement des événements. Est-ce que la vérité est la seule chose qui compte ? Est-ce que ça vaut la peine de tout détruire pour elle ? Est-ce qu’elle vaut la peine de se sacrifier ? Un passage mettant en scène une grand-mère dans une église est, à ce sujet, très intéressante et touchante. Les pensées de François à ce moment en font un des extraits les plus frappant de l’histoire.
C’est donc un très bon roman que nous offre Philipe Raxhon, porté par une belle plume facilitant la lecture. La conclusion est à l’image de l’ensemble : intéressante, mystérieuse, respectueuse et… Parfaite. Difficile d’imaginer une fin meilleure que celle-ci.
« On frissonne pour la mémoire tant qu’on est loin d’en faire partie ou d’en être l’objet. »
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