Titre : Flux - Les enfants de Joans
Auteur : Célia Barreyre
Date de Sortie : 3 mai 2019
Genre : Ados, Anticipation
Edition : Marathon Editions
Passionnée de littérature (avec une prédilection pour la science-fiction old school) et de bandes dessinées, Célia Barreyre vit en Auvergne, pays de volcans et de légendes qui nourrit son imagination. Elle aime se décrire comme une conteuse de la magie du quotidien et une incorrigible rêveuse.
“Flux” est un univers qui lui a été inspiré par sa fille et “Les enfants de Joans” est son premier roman.
Depuis quelques années, le syndrome de Joans a exterminé une grande partie de la population. Personne ne sait comment le virus est né et personne ne sait comment le guérir. Tous les adultes contaminés sont morts. Confinée depuis sa dernière crise sur un campus médicalisé, Lili, dix-sept ans, passe le plus clair de son temps avec ses amis. En attendant celle qui lui sera fatale, elle profite du temps qui lui reste pour vivre une vie de jeune fille comme les autres. Son quotidien est bouleversé lorsqu’elle fait la connaissance des jumeaux. Pourquoi sont-ils venus dans le centre de leur plein gré ? Ils ont la vingtaine passée et n’ont toujours pas succombé à une crise. Détiennent-ils un secret ?
Je remercie les éditions Marathons Editions pour leur confiance.
Nous nous tournons une nouvelle fois vers un roman jeunesse d’anticipation, assez proche de la dystopie par le thème du « virus ». Le résumé nous plonge donc dans une ambiance angoissante, entre l’anticipation et le roman d’espionnage. Une héroïne condamnée et un secret qui pourrait sauver tout ce qu’elle aime, il n’en faut pas plus pour piquer la curiosité des lecteurs curieux.
« Ils n’étaient là que pour une chose : les regarder mourir »
L’intrigue tourne donc autour de Lili, jeune adolescente qui tente tant bien que mal de vivre une vie de lycéenne normale malgré sa situation. Elle est accompagnée de sa meilleure amie, Zee, de Val et de Yann. Suite à ses mauvaises notes, elle va se retrouver à faire des petits travaux et fera la rencontre des jumeaux Emma et David, n’ayant pas succombé au syndrome de joans, et l’initiant à ce qu’ils appellent « le Flux ». À leurs côtés, Lili va faire des découvertes qui vont bouleverser ses convictions.
Nous avons donc ici un schéma assez classique mais efficace : des personnages avec beaucoup de secrets qui seront essentiels pour sortir les protagonistes de leur quotidien. Tout cela dans une ambiance dystopique et « thriller » qui donne envie d’en savoir plus. Pourtant, au fur et à mesure des pages, ce sont les histoires d’amour et l’aspect « teen » qui prend le plus de place. Les quelques éléments intéressants autour du fameux « Flux » sont éparpillés et noyés sous les problèmes de coeur et d’amitié de l’héroïne. Cela plaira aux adeptes de la romance, mais laissera ceux qui préfèrent l’action sur leur faim. À noter que les retournements de situation sont pour la plupart assez surprenants et parviennent à maintenir la tension au fil des presque quatre cents pages.
Les descriptions des expériences du « Flux » sont très immersives et sont assez fluide. Mais dans l’ensemble, son fonctionnement manque de profondeur et de détails. Une fois, l’on nous dit qu'il faut un contact pour l’activer, puis les héros parviennent à retrouver des personnes qui sont éloignées grâce à lui. Pleins de petits éléments comme cela qui, mis bout à bout, donne une sensation d'inachevé. Sans compter qu’Emma et David, qui sont au coeur de ce mystère, sont trop absent du récit.
« L’isolement ici n’était plus qu’un mot dans le dictionnaire. Vous n’étiez jamais seule. »
En ce qui concerne les personnages, il est assez difficile de s’y attacher, excepté peut-être l’héroïne, Lili. Elle reste assez droite dans ses convictions, veut sauver tout le monde sans être non plus une tête brûlée qui fonce dans le tas. Elle est calme et réfléchit et assez appréciable. C’est aussi le cas de Yann, bien qu’il réponde à un certain nombre de clichés, notamment celui du copain sympa, drôle et assez détaché de tout, mais qu’on aime bien quand même. Si à plusieurs reprises, l’auteur se sert de Lili pour évoquer l’appartenance de ses personnages à des « types » (la meilleure amie qui aime les potins, le groupe des filles superficielles, le garçon superficiel, le garçon que toutes les filles aiment, etc.), elle ne fait qu’en rire sans jamais le prendre à contre-pied. Ce qui donne au final un amas de figures clichées, vu et revu des milliers de fois. Tout comme nous l’avons dit pour les jumeaux ci-dessus, le cas de Val aurait pu éclaircir ce tableau si elle était un peu plus présente et mieux exploité.
Au-delà de l’intrigue, c’est l’écriture qui ralentit et alourdit le texte. Il y a beaucoup de répétitions tant sur la forme que sur le fond, passant du « show dont tell » au « show and tell ». Tout ce qui se passe et ensuite ré expliquer, réétudier par les personnages ce qui provoque une redondance constante sur des éléments pas très importants, laissant peu de place aux autres développements. De plus, le texte est truffé d’adverbe en -ment (énormément, sûrement, doucement, etc.) qui alourdissent le texte.
En conclusion, c’est un rendez-vous raté pour cette fois qui met un terme à l’excellent sans faute de Marathon Éditions jusque-là. Si le message d’espoir et l’encouragement a ne jamais laissé tomber est louable, « Flux-Les enfants de joans » n’aura pas réussi à être un véritable roman d’action prêt à emporter le lecteur dans son sillage.
« Son âge la plaçait en tête de liste des futures victimes du syndrome de Joans, et elle agissait comme si demain était une nouvelle promesse de vie. Elle la respirait, la mangeait, la digérait et la rayonnait sans se soucier de sa maladie. »
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