Titre : Demain les hommes
Auteur : Valentin Auwercx
Date de Sortie : 31 mai 2019
Genre : Science-Fiction, Dystopie
Edition : Autoédition
Présentation de l'auteur sur simplement pro :
Sculpteur d'étoiles, créateur de nuages, jeune plume dansant sous la douce brise des mots. Plus vivant qu'un arbre et beaucoup moins qu'un homme.
Il l’avait marqué d’une croix rouge sur son bras numérisé, Charly Leers avait attendu ce jour toute sa vie. C’était le 2 janvier 2112 qu’il allait réaliser son plus grand rêve – celui de toucher le pactole, celui d’être riche. Mais il ne se doutait pas qu’après avoir tout gagné, il allait tout perdre au cours de cette même journée.
Quand l’Homme le plus puissant du monde décide d’appuyer sur l’interrupteur, c’est toute l’Humanité qui se retrouve plongée dans le noir.
Je remercie l’auteur pour sa confiance, ainsi que le site Simplement.Pro.
Nous nous intéressons une nouvelle fois ici à un roman de science-fiction. De prime abord, le synopsis est court… mais percutant. Le schéma est assez classique : un héros, un élément perturbateur et un monde qui part à la renverse. Pourtant, il se dégage un on-ne-sait-quoi qui nous fait dire que cette œuvre sera différente des autres. La curiosité grandit tandis que l’on observe la couverture, où la couleur et l’absence de couleur s’entrecroisent. Une image qui prend tout son sens, une fois la lecture commencée…
« Je ne comprends pas, même quand tu souris, t’as pas l’air heureux. »
« Demain les hommes » trace l’histoire de deux hommes. Le premier, Charly Leers, est à un point culminant de sa carrière. Après de longues années d’effort et de travail, il s’apprête à réaliser son rêve en accumulant une immense fortune. Déterminé, ambitieux et coureur de jupons, Charly n’a rien pour toucher le cœur des lecteurs.
Ensuite, il y a Dormund Portef, l’homme le plus puissant du monde. Il a tout ce que Charly rêve d’avoir : le pouvoir et l’argent. C’est un homme d’affaires sous pression constance, travaillant avec des inventeurs de talents, cherchant le profit pour le bien de son empire. À la première lecture, il pourrait paraître comme le « méchant » de l’intrigue, jusqu’à ce que ses réflexions et ses inquiétudes laissent apparaître un nouvel homme. Comme s’il se confessait aux lecteurs, Dormund exprime ses regrets. Ceux d’avoir grandi dans une société égoïste qui s’auto-détruit en permanence. En haut de l’échelle sociale, il voit tout de l’humanité : le meilleur, et surtout le pire.
« Derrière sa carapace égocentrique, Dormund Portef avait le cœur gros. Malheureusement, il n’y avait pas assez de place pour y accueillir le monde entier. »
Un fait très pertinent – bien que sujet à interprétation – est l’ « absence » d’évolution des personnages. Ici, elle n’est pas gênante, car l’histoire est courte et leur attitude bornée raconte quelque chose. Lorsque l’on rencontre Dormund, il a déjà évolué en amont du roman. Jusqu’à la dernière seconde, il restera convaincu d’avoir pris la bonne décision. Ce phénomène est un peu plus complexe pour Charly. En effet, sans trop en dire, on peut noter que ses priorités vont changer. Mais en soi, ses pensées vont montrer qu’il reste au final cette personne égoïste qui se dédouane de toutes responsabilités. Or, qui n’est pas responsable – parmi les personnages mais aussi parmi les lecteurs – de la terrible tragédie que Valentin Auwercs nous dépeint ? De fait, chacun d’entre eux reste fixe dans ses idéaux, ils se bornent dans leur vision d’eux-mêmes et du monde et nous force à nous demander si nous ne ferions pas la même chose.
« Ton jouet, là, le monde, c’est de la camelote. Trop de gens ont déjà joué avec, il a perdu toutes ses couleurs, il lui manque des pièces, on ne peut plus rien faire avec si ce n’est de le faire tourner. »
L’intrigue en elle-même se pose de manière assez douce. L’écriture est fluide et légère, posant les bases des aventures de Charly étape par étape, le tout dans une atmosphère assez angoissante. Une sorte de paradoxe ce créé entre une plume douce, des réflexions demandant une lecture plus calme et une action qui révèle quelque chose de beaucoup plus dure.
L’univers aussi est très bien décrit sans être lourd. L’auteur laisse une grande part à l’imagination tout en donnant des points de repère précis permettant à l’esprit de l’écrivain et du lecteur de collaborer avec soin. Les technologies utilisées le sont avec parcimonie, et si elles sont retrouvables dans d’autres œuvres, elles sont ici maniées à bon escient.
« Chaque jour est le dernier de quelque chose »
La conclusion est logique et pertinente dans ce qu’elle raconte et ce qu’elle laisse aux lecteurs. Au final, les pages s’écoulent à grande vitesse pour nous amener à cette déduction à la fois surprenante et inévitable. Les thèmes abordés par les personnages sont de plus en plus courant en science-fiction : l’écologie, la famille et l’argent par exemple. Dans « Demain les hommes », ce sont les types de héros et la manière dont ils en parlent qui fait la singularité de l’ouvrage.
C’est donc un grand oui pour « Demain les hommes ». Une œuvre accessible, complète et pertinente à mettre entre toutes les mains !
« Quand il s’agit de mener le monde à sa fin, on dirait que personne ne rate le bus. »
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