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Le Tourment des Rois Tome 1 : A la lumière de l'ombre - Gaëtan Noël

Dernière mise à jour : 22 juin 2018



Titre : Le Tourment des Rois

Auteur : Gaëtan Noël

Date de Sortie : 18 juillet 2017

Genre : Fantasy, Fantasy Epic

Edition : Autoédition

« Aujourd'hui, alors que mon royaume se prépare à chuter devant la Sainte Armée, alors que tout ce que j'ai construit s'apprête à être détruit... j'écris mes derniers mots en tant que roi, en tant que monstre damné.


Il est temps de tout révéler.


En ce premier livre de mes mémoires, voici rassemblés mes plus ténébreux souvenirs de prince héritier.


Héritier ? Malheureusement, il ne fut pas si simple de monter sur le trône qui m'était destiné. Mon histoire vous apprendra à quel point se battre pour une idée peut tout vous enlever : votre trône, votre avenir... jusqu'à votre propre vie.


Oui... Rien ne fut épargné à ceux qui marchèrent à mes côtés. Reniant notre humanité pour mieux la sauver, nous avons tout abandonné pour l'idée qui nous animait.


Et le sang qui coule dans mes veines, ce sang maudit dont vous n'imaginez ni l'existence ni le sens... c'est avec effroi que vous découvrirez à quel point il a édifié le monde dans lequel vous vivez. Alors, vous qui osez lire... saurez-vous marcher à mes côtés, une ultime fois ?


Saurez-vous embrasser... le tourment des rois ? »


Hydan, le dernier roi d'Hydolia.


Un immense merci à Gaëtan Noël pour m’avoir confié son roman et pour sa confiance.


Nous nous retrouvons aujourd’hui pour une chronique particulière. Et surtout pour un roman particulier. Difficile d’en parler, de transmettre ce qu’on ressent entre les pages de cette œuvre. Il faut le vivre pour le comprendre. Mais essayons tout de même…


Avant même de commencer la lecture, l’auteur joue avec nos méninges. Le sous-titre « A la lumière de l’ombre » nous offre un paradoxe intéressant. Des dizaines de questions se bousculent déjà dans notre esprit : la lumière peut-elle exister sans l’ombre ? Et l’ombre sans la lumière ? Cette ambivalence est appuyée par le résumé, notamment dans la phrase « Reniant notre humanité pour mieux la sauver ». Hydan semble être un héros torturé entre le bien et le mal, entre ce qu’il veut et ce qu’il doit faire. Est-ce que tout détruire et la seule solution pour tout reconstruire ? Défendre ses idéaux… Mais à quel prix ? La signature « le dernier roi » n’annonce rien qui vaille. De plus, nous comprenons qu’il va s’agir de « mémoire », une histoire contée par le héros lui-même. De fait, peut-on vraiment lui faire confiance ? Sera-t-il honnête ? Que pouvons-nous tirer de ce qu’il dit ? Et de ce qu’il ne dit pas ? Nous nous apercevons qu’en plus du danger inhérent à l’intrigue, nous devront aussi nous méfier du personnage principal lui-même. Le tout habillé d’une belle couverture, épurée et cohérente, qui renforce cette ambiance mystérieuse et d’ores et déjà angoissante.


« Hésitant et si peu préparé, je m’y dévêtis de toutes mes innocences. J’abandonnais là, à jamais, toutes mes insouciances. »

Un titre ambigu, un résumé accrocheur, une couverture sublime, une playlist de Lucas King dans les oreilles, et une amie convaincante (coucou Alex) plus tard, me voilà plongé dans le Royaume d’Hydolia. Prête à embrasser le tourment des rois….


« Les seuls secrets sont ceux qui sont gardés… »

Nous entrons donc à tâtons dans les souvenirs d’Hydan, dernier roi d’Hydolia. Le souverain ne sait pas par où commencer, tant sa vie a été influencé bien avant sa propre naissance. Malgré nos doutes et nos peurs, le charme du héros ne tarde pas à nous envoûter. Nous plongeons d’abord dans son enfance, puis lors de sa trentième année, alors qu’il n’est encore que le prince héritier. Une vie complexe auprès d’Horden, son père, qu’il décrit comme un roi tyrannique attaché aux traditions barbares, ne se préoccupant que de son pouvoir et de la peur qu’il inspire. Ainsi que de son frère Kaderian, séducteur et guerrier uniquement guidé par ses pulsions.


« Si j’avais su, aurais-je fait demi-tour ? Si tout m’avait été révélé, serais-je retourné sur mes pas ? »

Mais Hydan est différent. Homme de valeur et de principe, il compte bien changer les choses. Plein de bonnes intentions, le trentenaire nous fait part de ses honorables intentions, de ses plans. Il nous implore de ne pas croire aux contes de fées sur la fondation d’Hydolia… Tout n’est qu’un tissu de mensonges, et la seule vérité se trouve ici, dans ses mémoires. Une vérité bien plus sombre que celle qui l’aurait imaginé. Tandis qu’il évoque ses premières rébellions, ses premières initiatives, il poursuit amère sur le futur à venir. Répétant sans cesse « si j’avais su… » ou encore « si l’on m’avait dit… » , le prince fait monter la tension et l’angoisse. On ne peut s’empêcher de poursuivre notre voyage au cœur du château pour comprendre ce qui est arrivé.


Là est toute la force du roman. Un protagoniste qui nous assure n’avoir que des bonnes intentions, qui hurle sa volonté de faire régner la justice et la paix. Prêt à se sacrifier pour cette cause qui lui tient à cœur. Mais il y a un fossé entre un prince et un roi. Ce dernier doit parfois faire des choix difficiles, et le jeune héritier l’apprendra à ses dépens. Mais en sera-t-il capable ? Il faudra lire pour le savoir… Chaque pas vers la lumière le fait sombrer un peu plus. Pourtant, l’on s’attache à lui, et l’on espère de notre cœur qu’il parviendra à atteindre son but. La dimension « confidence » du roman fait d’Hydan notre ami l’espace d’un instant. Le désir de faire connaître la vérité à laisser place au besoin de se confesser. Confesser les mauvais choix, confesser les âmes fauchées pour en sauver mille autres… Le jeu en valait-il la chandelle ? Toute la question est là. Rien n’est noir, rien n’est blanc. Tout n’est que nuance… Le Bien appelle le Mal, et le Mal appelle le Bien. Qui va vivre et qui va mourir ? Qui a le droit de choisir ? Là encore, il faudra le voir par vous-même…


« Votre trône va vous couter cher, très cher, Mon Roi. Et si vous n’êtes pas résolu à payer le prix du sang, vous sauvegarderez peut-être de nombreuses vies, mais vous contribuerez à laisser la gangrène de l’Inertie corrompre l’humanité. »

La « transformation » d’Hydan de prince rêveur a futur souverain tourmentée passe aussi par une dimension fantastique intéressante. S’il est risqué de l’évoquer sans en révéler trop, il serait dommage de l’oublier. Gaëtan Noël insuffle petit à petit les éléments fantastiques dans son livre, sans pour autant occulter la dimension psychologique et politique du roman. Bien dosée, cette facette de l’histoire va rehausser l’intrigue, ajoutant de nouveaux enjeux importants, multipliant les questions et les possibilités. Si certains secrets étaient parfois plus faciles à deviner, on se prend au jeu du mystère et laisse Hydan — et son créateur — s’amuser avec nous.


« Combien de visages déformés par la peur et la haine allais-je encore devoir affronter ? »

Un autre travail important a été accordé aux personnages qui gravitent autour de notre héros et qui lui apportent tous du relief et approfondissent l’intrigue. En plus des membres masculins de la famille royale, Hydan est hanté par le souvenir douloureux de sa mère Lulia, « la plus belle reine d’Hydolia » et sa sœur Akarina disparu lorsqu’il n’était qu’un enfant. À ses côtés, on retrouve Maître Heliott, une sorte de précepteur qui enseigne le prince. Personnage appréciable, quelque peu en retrait, il parait pourtant en savoir beaucoup. Tout comme Hodanir, maître d’armes et homme de confiance d’Hydan. Une relation très forte uni les deux hommes, donnant à Hodanir la figure du père qu’Horden n’a pas su être.


Durant son périple, le trentenaire fera aussi la rencontre de Khaalina, une jeune femme intrigante et l’une des mieux construit du roman — après Hydan, bien évidemment — autant dans sa psychologie que dans son rôle. Et puis d’autres personnages secondaires que je ne peux citer, compagnons de route d’Hydan et qui apporte un réel vent de fraîcheur dans cette histoire parfois très sombre, et même pendant des scènes où la tension est palpable.


« Il y aura des morts inutiles et injustes, du sang et des larmes versés pour rien. »

Une tension présente surtout dans les scènes de combat. Les descriptions sont détaillées et réalistes, sans tomber dans l’horreur non plus, si bien que le lecteur peut parfaitement se faire l’image dans son esprit. Quelque chose de très filmique dans les scènes de combat, et surtout d’intense. C’est aussi le cas des personnages qu’on visualise très bien, et des décors dans lesquelles Hydan évolue. Les mots sont choisis avec soin et la plume de l’auteur rend le tout envoûtant. Si les nombreux adverbes et l’utilisation très régulière de la ponctuation « ?! » peut faire tiquer, tout cela est très vite éluder par un vocabulaire riche et une syntaxe fluide qui s’écoule le long de quelque 500 pages. L’on arrive à la fin sans s’y attendre, avec l’envie puissante de tout reprendre depuis le début.


« Pourquoi charger les montures, déjà fatiguées, de philosophies compliquées et de vaines moralités ? »

Si les premières pages peuvent faire penser que l’on s’engouffre dans une fantasy classique au schéma vu et revu, il n’en est rien. Certains éléments de l’intrigue et certaines résolutions sont, certes, propre aux histoires de fantasy, Gaëtan Noël ne manque pas de nous surprendre.


Son héros porte à lui seul toute l’originalité de cet ouvrage hors normes, jouant avec les codes du genre pour mieux les modeler à sa guise. Les réflexions psychologiques profondes du protagoniste, ses sentiments si tortueux et cette bataille qu’il livre contre lui-même fait son originalité. C’est aussi pour cela que l’on reste à ses côtés, que l’on se prend d’affection pour lui malgré tout… Les émotions sont gérées d’une main de maître et il n’est pas impossible d’y laisser quelques larmes et un morceau de son cœur. « Le Tourment des Rois » nous prend aux tripes, bousculant nos émotions vivement, mais avec élégance.


« Je pouvais être ce roi, ce tyran qui ranimerait le monde et le sortirait de sa torpeur passéiste et oppressante. »

La conclusion est… Indescriptible. Toute l’ambiguïté, tout le paradoxe du personnage, la fantasy, la politique, les émotions… Tout, absolument tout se met au service de cette fin percutante qui ne nous donne qu’une envie : se jeter sur le tome 2.


Ce roman n’est pas un coup de cœur, ni un coup de foudre. Il ne s’agit pas de l’aimer ou de l’adorer. C’est bien plus que ça, bien plus fort et plus grand. Cette œuvre est la raison pour laquelle l’écriture a été inventée, la raison pour laquelle on aime lire, la raison pour laquelle les auteurs indépendants doivent continuer de se battre et la raison pour laquelle nous devons continuer d’écrire.


Continuer, coûte que coûte, quel qu’en soit le prix, à embrasser le tourment des rois…


« Je refuse de mourir pour rien… Je refuse de n’avoir été qu’un fléau, qu’un monstre de vantardise dans cet univers torturé… Je ne quitterai pas ce monde sans avoir donné un sens à toute cette souffrance. »
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