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Le Jardin des Hespérides - Claude Morivilly

Dernière mise à jour : 20 déc. 2018



Titre : Le Jardin des Hespérides

Auteur : Claude Morivilly

Date de Sortie : 1 Juillet 2018

Genre : Dystopie, société

Edition : La compagnie littéraire


Nous sommes au début du 4e millénaire. Une société idéale s’est installée par le biais d’un État monde qui possède son Gouvernement Central. Il apporte à l’homme la sécurité, le bien-être, les bases essentielles pour se sentir à l’aise. Ce résultat a été obtenu après des siècles d’efforts incluant un programme normatif appelé « Plan Kronotsky ».


Seulement ce programme a un prix : l’humain a dû payer de sa personne, en acceptant une modification de sa physiologie. Indispensable pour maintenir un taux acceptable de gaz carbonique dans l’atmosphère. Une contribution nécessaire à la stabilité de notre société.


Dans une société heureuse, le mal-être résultant du vivre ensemble ne peut être que marginal et voué à disparaître. Toutefois, répondre aux critiques sur les suppressions des médecins de l’âme s’avéra nécessaire. Leur maintien ayant été considéré comme une incitation à entretenir un climat malsain, les Jardins d’individualité, plus connus sous le nom de Jardin des Hespérides, ont été créés pour permettre aux plus atteints d’entre nous de retrouver, par ses propres moyens, la sérénité.


Tout semble sous contrôle jusqu’au jour où… un individu à l’allure d’un orateur qui hantait l’Agora d’Athènes, dénommé le Sage, venu de nulle part, apparaît au milieu du Jardin de Paris. Il déclare : « vouloir sortir l’humain de l’ornière … »

Son discours séduit, fascine, le danger est perceptible…

Je remercie l’auteur ainsi que les Éditions La Compagnie Littéraire pour ce SP.

En découvrant ce récit, on ne peut qu’être séduit par ce résumé plein de promesse. Le schéma semble classique : l’intervention d’un homme mettant en péril une société entière. Mais quelque chose laisse à penser à un petit « on-ne-sait-quoi » en plus. On a beaucoup d’informations dès le synopsis ce qui laisse aussi à penser que le roman sera très dense, qu’il y aura beaucoup de chose. Il s’agit donc de développer le tout de manière cohérente et accessible, en gardant la tension et le mystère dû à ce fameux orateur…

Qu’en est-il ?

« Les mots ont perdu leur identité. Nous parlons en chiffres et nous raisonnons en nombres, dans un alphabet nouveau. La frontière entre l’humain et le non-humain se brouille. La déshumanisation de nos rapports est en marche. »

Le postulat de départ de l’histoire est celui d’une société fonctionnant selon le « Plan Kronotsky ». Les humains ont été modifiés au cours des générations pour produire moins de carbone, on mange de la viande synthétique, tout fonctionne à l’énergie renouvelable et l’organisation mondiale est régi par niveaux. En soi, rien de bien grave. Pourtant, le prix à payer est l’annihilation de l’individualité. C’est pourquoi apparaissent les jardins d’individualité, pour aider chacun à se retrouver. L’histoire commence lorsqu’un homme intervient dans un de ces jardins, un livre mystérieux à la main, et remet tout le système en cause, avant de disparaître.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, nous sommes cette fois-ci au cœur du système, et non dans la peau d’un personnage qui lutterait contre celui-ci, comme dans beaucoup d’autres dystopie. Nous avons accès aux rouages du gouvernement et de la police. Nous suivons également un journaliste du nom de Coeurderoy qui tente de découvrir ce qui s’est réellement passé, et le commissaire Dandeloo qui gère cette affaire. Rien n’est négligé : les dimensions politiques, journalistiques, sociales, scientifiques et philosophiques sont traités à fond.

Ce qui est malheureusement le seul vrai point positif de ce roman. En effet, l’auteur finit par nous perdre dans un amas gigantesque d’informations. Le postulat de départ décrit plus haut, met presque soixante-dix pages à se mettre en place ce qui est beaucoup trop long pour un roman de trois cent pages. Le roman enchaîne des gros blocs d’explications, puis d’actions, puis à nouveau d’explications. Si bien qu’il faut constamment revenir sur sa lecture pour savoir, on a été laissé auparavant, nous resituer dans le déroulement des événements.

Il est très difficile d’évoquer les personnages tant ils sont nombreux et complexes. Sans compter que certains d’entre eux changent d’identité au cours du roman. Les figures marquantes sont tout d’abord le journaliste Coeurderoy, qui semble assez téméraire et prêt à tout pour découvrir la vérité. Puis il y a le commissaire Dandeloo, qui répond au schéma du policier avec des « méthodes un peu spéciale, mais il est efficace donc on le prend quand même ». Nous avons ensuite Yvan Boissy dont le rôle reste flou. Nous savons qu’il est au niveau deux de la hiérarchie, donc juste en dessous du gouvernement central. C’est donc une figure importante qui est assez appréciable. Il parait plein de bonnes volontés et de bons sentiments, mais est bloqué par ses fonctions et la protection du système. C’est sûrement un des protagonistes les plus intéressants de l’ouvrage. Cette liste est très loin d’être exhaustive. Les personnages continuent de se multiplier si bien que ceux du début finissent par disparaître au profit de ceux de la fin.

L’action est très rapide, et l’on manque de développement à beaucoup d’endroits. Un moment particulièrement marquant, au début du roman, est lorsqu’un personnage revient alors que tout le monde le pensait mort. Quand les personnages découvrent qu’il est en vie, il n’y aucune réaction choquée ou surprise, comme si le présumé mort était simplement partie acheter du pain.

Un autre élément qui peut gêner à la lecture est « l’annonce » des moments importants. On retrouve à deux reprises l’expression « coup de théâtre » avant que le coup de théâtre arrive. Un peu comme si vous lisiez un roman qui commencerait par « mise en place du contexte », puis qui signalerai les paragraphes en disant « description », « dialogue » et ainsi de suite. On n’est pas surpris parce que juste avant, on nous dit qu’il va se passer quelque chose d’étonnant, ce qui gâche un peu l’effet.

La fin et les révélations sont néanmoins surprenantes, pour ce que l’on comprend, ce qui est plutôt agréable. On sent qu’il y a un énorme travail qui a été fait en amont de l’écriture. En réalité, il y a de la matière pour faire quelque chose de très bien, à condition de poser le tout de manière plus clair, quitte à faire un roman plus long ou plusieurs tomes.

C’est donc un rendez-vous manqué pour cette fois, malgré une très bonne idée de base. Ce roman est destiné à un public qui n’a pas peur de la grande complexité, ni de se lancer dans une deuxième lecture, ou aux lecteurs habitués à prendre des notes pour garder le fil.

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