Titre : Le Chant de l’Arbre-Mère : une autre vision
Auteur : Pascal Bléval
Date de Sortie : 1 avril 2018
Genre : Science-Fiction, Extraterrestre, IA
Edition : Autoédition
An 3524 du calendrier universel…
La fratricide Guerre des Mondes a laissé des cicatrices durables et même l’obscure menace extraterrestre xéolotl peine à faire oublier les vieilles rancœurs opposants les terriens et leurs colonies spatiales. Celles-ci forment désormais l’empire Dranag et le fragile équilibre établi entre les deux puissances semble sur le point de se rompre.
Sur la planète Taurus, terriens et dranags tentent pourtant d’unir leurs forces afin de maîtriser une source d’énergie au potentiel quasi illimité.
Parviendront-ils à travailler main dans la main, pour le salut de l’humanité ?
Au fil des pages, l’avenir de quatre femmes et de trois hommes se dévoile : sept individus différents, autant de destinées amenées à se croiser, tôt ou tard…
Puisse le Chant de l’Arbre-Mère leur porter chance tout au long de votre chemin !
Merci à l’auteur et au site Simplement.Pro pour ce SP !
Nouvelle lecture, nouvel univers. Nous plongeons cette fois-ci dans le monde interstellaire de Pascal Bléval. Ce dernier nous plonge dans les méandres d’un conflit entre les terriens, l’Empire Dranag et le dangereux peuple xéolotl. Leurs aventures sont contées dans un roman, puis dans un recueil. C’est à ce dernier que nous allons nous intéresser aujourd’hui.
Le résumé nous donne le contexte politique de l’histoire, important à la compréhension de l’histoire. Il se concentre surtout sur le conflit terriens et dranags, ainsi que sur cette mystérieuse source d’énergie. Nous nous attendons donc à ce que le récit se concentre là-dessus et que les personnages en soient des acteurs importants.
Il y a donc sept nouvelles, racontant l’histoire de sept personnages bien différent jusque dans leur traitement. Un grand soin a été apporté à la caractérisation de certains, au détriment d’autres. D’un point de vue général, ils ont tous une personnalité et une histoire qui les rend uniques. Un dessin en introduction de l’œuvre nous donne une vision d’ensemble des protagonistes par rapport à leur rôle dans le roman.
En premier lieu, dans l’Incident Taurus, nous retrouvons Grégory Norton, spécialiste en xéno-psychologie sous la direction du professeur Hémer. Il va être appelé à étudier les « parasites », créatures agressives peuplant la planète Taurus. Cet endroit intéresse les gouvernements dranag et terrien, car elle porte en son sein une énergie unique, quasi-inépuisable… C’est dans ce contexte qu’évolue le Grégory. Assez éloigné de tout ce qui se passe autour de lui, il est plutôt passif qu’actif. Séducteur maladroit, il peut paraître un peu lourd à certains moments. Si nous comprenons quel sera son utilité dans le roman, il n’est pourtant pas facile de s’y attacher. Au passage, nous faisons également la connaissance de Milerva Ballard et de son humour bien particulier. Si elle ne se révèle pas être un personnage central, elle aura le mérite de vous faire sourire — ou lever les yeux au ciel. Grégory croise ensuite la route de Nathalia Tcherpova, présente dans le roman, qu’y pourtant très peu exploité dans le recueil.
La Chasse nous transporte dans le quotidien de Hank Turner, futur membre des commandos dranags, un casque de réalité virtuelle — appelé « RéaVir » — sur les yeux. Son côté « tête brûlée » peut plaire, autant qu’il peut agacer. Malgré ses idées parfois aux limites de la misogynie, il semble avoir toutes les qualités requises pour être un soldat efficace.
Deux autres figures féminines importantes font leur apparition dans Menace xéolotl et Attaque sur Asman. Le commandant Suraya Manariva et une la jeune recrue Lana Jovrain. C’est lorsqu’on impose à la gradée de se trouver une seconde pour l’épauler qu’elle rencontre le soldat Jovrain et est marquée par son courage et son intelligence. Le duo réapparaîtra à plusieurs reprises, pour notre plus grand plaisir. La dynamique — ainsi que les ambiguïtés — entre les deux femmes nourrit le récit et fait de leur relation la plus pertinente. L’affection grandissante de Suraya pour sa cadette est très attendrissante et bien plus prenante que d’autres relations développées dans le recueil qui apparaissent parfois comme un cheveu sur la soupe.
Hacking marque l’apparition de Vince Chevron, jeune garçon devant effectuer malgré lui son service militaire. Il fera lui aussi l’expérience du RéaVir – tout en pensant qu’il s’agit de la réalité — avec son amie Marie. Si la nouvelle est prenante et pleine d’action, le personnage de Chevron n’est pas celui qui marque le plus l’esprit. C’est peut-être le seul qui manque réellement de profondeur.
Enfin, la jeune Léa fera son apparition au côté de Hank dans Extraction sur Hackarat ainsi que dans (Re)naissance. Il est difficile dans parler sans en dire trop. C’est une jeune fille complexe, portant en elle les séquelles d’une histoire tourmentée, mais qui parvient à séduire le lecteur par son innocence et sa bravoure.
Si le résumé laisse à penser que chaque nouvelle se concentre sur un personnage, ce n’est pas le cas. Comme nous le promet Pascal Bléval, les destins des sept personnages s’entremêlent au fil des pages. Si cela un choix intelligent, permettant de voir les héros évoluer les uns après les autres, c’est peut-être ce qui provoque également l’aspect négligé de certains d’entre eux.
Un autre point surprenant et que, contrairement à ce que l’on peut lire dans la présentation de l’œuvre, c’est que les nombreuses attaques xéololts font belles et bien « oublier » le conflit entre les terriens et les dranags. C’est néanmoins largement discutable : certains pourront le trouver sous-exploité tandis que d’autres seront heureux de voir les autres thèmes non-négligés à son avantage. Nous pouvons peut-être déplorer l’absence de point de vue terrien, même si encore une fois c’est un choix compréhensible de l’auteur de se placer dans une optique « dranag » — notamment vis-à-vis du roman.
"Un silence pesant s’abattit sur les quatre hommes, l’espace de quelques instants, avant d’être rompu par un halètement sourd, suivi d’un cri d’angoisse tandis que, perdu dans le noir, ses cauchemars revenaient [le] hanter."
Concernant l’univers, la première chose qui marque est l’énorme travail qui a été fait en amont. Pascal Bléval a su mettre en place un monde aux règles complexes et aux enjeux multiples. Il y a beaucoup de bonnes idées, comme le RéaVir que nous avons déjà cité. Utilisée autant par les particuliers que par les gouvernements et leurs armées, cette technologie avancée fait partie intégrante du quotidien au 36ème siècle, rendant nos téléphones et nos tablettes obsolètes. De plus, chaque idée est exploitée à fond, rien n’est laissé de côté ou abandonné d’une nouvelle à l’autre. L’auteur nous fait le plaisir d’aller au bout de chacune de ses créations nous offrant le meilleur de son œuvre. Néanmoins, il est facile de se perdre dans les nombreux termes utilisés. Les explications, souvent amenées dans de longs monologues, sont quelques fois pompeuses sans pour autant nous aider à comprendre ou bien survolées.
Si les explications des termes pêchent, la description des lieux et de l’action font la force de ce récit. Les lecteurs sont plongés dans le décor, comme s’ils y étaient et frissonnent face aux « parasites ». Nous nous faisons une image mentale du contexte avec facilité. Sans compter les scènes d’actions prenantes et très détaillées.
En réalité, c’est un mélange pertinent que nous présente l’auteur, trouvant l’équilibre entre la dimension scientifique, émotionnelle et politique. Chaque épisode porte des enjeux cruciaux pour les protagonistes comme pour les empires. Les décisionnaires prennent en compte les menaces extérieures et intérieures — notamment les rébellions — ainsi que leurs propres intérêts. Tous les fils se nouent les uns et autres et rendent l’issue plus qu’incertaine, tenant le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages. Si la première nouvelle est un peu longue, les autres s’enchaînent de manière fluide, le tout porté par une écriture très « scientifique » — dont il est difficile de vous montrer des extraits tant chaque phrase risque de dévoiler une partie du récit.
La septième et dernière nouvelle est l’apothéose du recueil. C’est une conclusion toutes en émotion d’un recueil surtout concentré sur l’action. Inattendue, elle ne manquera pas de surprendre le lecteur.
« La Chant de l’Arbre-Mère : une autre vision » est donc un prélude efficace au roman et un avant-goût qui donne envie d’en savoir plus. L’ordre de lecture entre les deux œuvres n’a néanmoins que peu d’importance puisque, si les personnages sont identiques, les deux intrigues sont largement dissociables. C’est une œuvre qui plaira aux adeptes du genre, aux curieux et à ceux qui n’ont pas peur de plonger dans l’inconnu…
Σχόλια